31 octobre 2024

Destin[s] de femme[s]

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Proposée dans le cadre des Journées du Matrimoine/Patrimoine, cette exposition n’a pour seul objectif que de mettre en avant quelques femmes oubliées par l’Histoire, oubliées par les hommes, parmi tant d’autres, qui ont marqué leur époque et dont les actions ont encore des répercussions à l’heure actuelle.

  • Madeleine BRES
  • Julie-Victoire DAUBIE
  • Alice GUY
  • Gisèle HALIMI
  • Frida KAHLO
  • Hedy LAMARR
  • Harriet TUBMAN
  • Monique WITTIG

BRES Madeleine

Première française docteur en médecine (1842-1921)

// Une destinée toute tracée

Fille de charron (artisan spécialiste du bois et du métal qui concevait, fabriquait et réparait les véhicules avant la motorisation), elle est mariée à un conducteur d’omnibus à l’âge de 15 ans.

Le travail de son père l’amène régulièrement à fréquenter l’hôpital de Nîmes où une religieuse lui enseigne quelques rudiments de médecine.

C’est là qu’elle trouve sa vocation.

En 1866, alors âgée de 24 ans et mère de plusieurs enfants, elle demande au doyen de la Faculté de Médecine de Paris l’autorisation de s’inscrire en médecine. Charles-Adolphe Wurtz n’est pas contre mais il lui demande d’abord de passer son baccalauréat.

Déterminée, elle l’obtient  en 1869, alors que le baccalauréat n’est accessible aux femmes que depuis 1861. Ce diplôme lui permet de s’inscrire en médecine, mais seulement après accord du Conseil des Ministres et approbation de… son époux !

Stagiaire dans le service du Professeur Paul Broca, elle est reconnue comme étant “brillante et courageuse“.

Madeleine Brès obtiendra son diplôme de médecine en 1875 passant sa thèse sur la composition du lait maternel pour laquelle elle obtient la mention “extrêmement bien“.

// Au service des plus démunis

Elle exerce ensuite en pédiatrie auprès d’une patientèle privée et au sein de crèches municipales. Veuve très tôt élevant seule ses trois enfants, elle s’investit partout : elle dirige le journal Hygiène de la femme et de l’enfant, rédige plusieurs ouvrages, fait des conférences sur l’hygiène dans des écoles maternelles et prend le temps de s’informer en Suisse sur le fonctionnement des crèches.

Guidée par des préoccupations sociales, elle est certaine que développer l’hygiène est le meilleur moyen de lutter contre la mortalité infantile.

En 1885, elle crée une crèche aux Batignolles à Paris où les enfants peuvent être gardés et soignés gratuitement jusqu’à l’âge de trois ans.

Le reste de sa carrière se fera en puériculture n’ayant de cesse de louer les bienfaits de l’hygiène.

// On a dit d’elle…

“Madame Brès est entrée dans mon service en qualité d’élève stagiaire en 1869. Au mois de septembre 1870, l’absence de plusieurs internes appelés dans les hôpitaux militaires, nécessitait la nomination d’internes provisoires. Madame Brès sur ma proposition fut désignée comme interne provisoire. En cette qualité, pendant les deux sièges de Paris et jusqu’au mois de juillet 1871, elle a fait son service avec une exactitude que n’a pas interrompu le bombardement de l’hôpital. Son service a toujours été très bien fait et sa tenue irréprochable. Madame Brès s’est toujours fait remarquer par son zèle, son dévouement et son excellente tenue. Elle nous a particulièrement secondés pendant la dernière insurrection.“ (Paul Broca, médecin)


DAUBIE Julie-Victoire

Journaliste française (1824-1874)

// Un insatiable besoin d’apprendre

Issue de la petite bourgeoisie, Julie-Victoire Daubié fréquente régulièrement la classe ouvrière locale dont elle s’imprègne.

En 1844, à l’âge de 20 ans, elle obtient le “certificat de capacité“, unique diplôme d’enseignement alors accessible aux femmes. Il lui permet d’exercer en tant que préceptrice dans des familles de la région ainsi qu’en Allemagne.

Persévérante et surtout ayant une soif illimitée de connaissances, elle apprend le grec et le latin auprès de son frère prêtre et s’inscrit aux cours du Muséum national d’histoire naturelle à Paris.

En parallèle, elle enseigne et voyage beaucoup, ce qui ne manque pas d’alimenter son esprit aiguisé, notamment vis à vis de la condition des femmes de son siècle.

// L’émancipation féminine comme crédo

En 1859, elle participe à un concours lancé par l’Académie des sciences, belles-lettres et arts de Lyon et remporte le premier prix. C’est aussi l’occasion pour elle de rencontrer François Barthélemy Arlès-Dufour (1797-1872), industriel humaniste influent qui milite en faveur de l’égalité entre les hommes et les femmes. Un ami et un appui politique qu’elle saura mettre à profit par la suite.

Interdite d’études à La Sorbonne et à l’Université d’Aix, c’est Lyon qui l’accueille et lui permet d’obtenir son baccalauréat en 1861. Poursuivant ses études, elle sera aussi dix ans plus tard la première licenciée ès Lettres ! L’Impératrice Eugénie elle-même, femme de l’Empereur Napoléon III, se serait faite l’avocate de Julie-Victoire Daubié face à ses péripéties universitaires.

// Un exemple à suivre…

Dès 1863 la France compte deux nouvelles bachelières et 4 ans plus tard, Victor Duruy, Ministre de l’Instruction publique, instaure des cours d’études secondaires pour jeunes filles qui connaissent un succès immédiat.

Son livre La Femme pauvre au XIXème siècle publié en 1869 servira aussi la cause des femmes. Elle y relate ses expériences personnelles et les souvenirs des ouvrières de son enfance, véritable révolte sociale sous couvert d’une analyse économique, morale et politique.

En 1871 elle fonde l’Association pour l’émancipation progressive de la femme dont elle sera Présidente, aidée dans ses missions par Arlès-Dufour.

// Œuvre(s)

1869 : La Femme pauvre au XIXème siècle

// Elle a écrit

“En France, l’initiative sociale nous manque beaucoup plus que la liberté, car j’ai pu être admise à l’examen du baccalauréat (…). J’ai rencontré partout, pour cette innovation, une bienveillance impartiale et des sympathies généreuses, dont je ne saurais trop remercier ma patrie et mon siècle.“//

// On a dit d’elle…

“Aujourd’hui, par son exemple, elle ouvre une voie nouvelle aux femmes, plus nombreuses qu’on ne le pense, qui, comme elle, ont reçu en partage la force de la volonté et les dons de l’intelligence. Il en est plusieurs, nous en avons l’assurance, qui suivront avec succès cet exemple excellent (…).“ (Francisque Bouillier, doyen de la faculté de Lyon)


GUY Alice

Réalisatrice et productrice française (1873-1968)

Réalisatrice, scénariste, productrice, Alice Guy s’est illustrée dans le cinéma en France et aux Etats-Unis. Pionnière du cinéma, elle sera aussi la première à avoir l’idée de réaliser un making-of à l’occasion de l’un de ses nombreux films musicaux (phonoscènes).

// La passion pour mot d’ordre

Née de parents français installés au Chili, elle revient à l’âge de 6 ans en France suivre ses grandes aînées en pension.

Après des études de sténographie, elle entre comme secrétaire de direction au Comptoir général de la photographie où Léon Gaumont travaille, il rachète d’ailleurs la société après qu’elle ait déposé le bilan.

Alice Guy se passionne vite pour les nouvelles technologies : développement des plaques photographiques, trucages photographiques, photographies par rayon X…

En 1895, alors qu’elle assiste avec Léon Gaumont à une projection des frères Lumière, elle lui soumet l’idée de commercialiser des appareils de projection en fournissant gratuitement des films de fiction. D’abord réticent, Léon Gaumont la laisse faire un essai.

// Une avant-gardiste

C’est ainsi qu’elle tourne en 1896 son premier film intitulé La Fée aux choux. D’une durée de 51 secondes, il illustre la légende selon laquelle les petits garçons naissent dans des choux. S’il s’agit du premier film réalisé par une femme, La Fée aux choux est aussi considéré comme étant le premier film fantastique du 7ème Art !

Suite au succès rencontré, Léon Gaumont lui confie la direction d’un service spécialisé dans la création de vues animées de fiction qu’elle supervisera jusqu’en 1907.

Elle réalise une centaine de films les années suivantes utilisant jusqu’à 300 figurants pour une production de 30 minutes ! Parmi eux, bon nombre met en avant des thèmes qui lui sont chers, en particulier la place des femmes dans la société notamment l’année 1906 avec Les Résultats du féminisme, Une femme collante et Madame a des envies.

// Militante et engagée

En 1907 elle part avec son mari aux Etats-Unis afin de commercialiser le Chronophone de Gaumont, un procédé mêlant projection cinématographique et système sonore.

En 1910, elle crée une société de production cinématographique, la Solax Film Co qui sera l’une des plus grandes maisons de production des États-Unis avant la création d’Hollywood.

S’intéressant aux problèmes sociaux et ethniques, elle sera la première à réaliser un film ne faisant jouer que des acteurs afro-américains.

En 2017, près de 50 ans après son décès, le Prix Alice Guy est créé pour récompenser chaque année une réalisatrice de film, un hommage rendu en même temps à la première réalisatrice de l’Histoire.

// Œuvres

1896 : La Fée aux choux
1906 : Les Conséquences du féminisme
1912 : A Fool and His Money

// On a dit d’elle…

“C’était une femme indépendante, maître de son destin qui a mené sa propre carrière et a subvenu au besoin de sa famille, de sa mère puis de ses enfants. Elle a dirigé et produit des films alors même que les femmes n’avaient pas encore le droit de vote. D’ailleurs, dès 1912, elle a déclaré dans la presse américaine que «les femmes étaient prêtes». En revanche, élevée dans une famille bourgeoise, pour elle la famille venait en premier et quand son mari l’a quittée elle a été dévastée. En ce sens, elle était très victorienne. (…) Elle n’était peut être pas féministe au sens où nous l’entendons aujourd’hui. Toutefois, tout ce qu’elle a fait ou dit dans sa carrière affirme que la femme est l’égale de l’homme. Et, dans ses films, on peut percevoir un point de vue différent sur le monde sinon féministe du moins féminin.“ (Alison McMahan, écrivaine)

“Elle s’intéressait beaucoup au sexisme. Et elle aimait faire des films avec des héroïnes féminines actives et aventureuses.“ (Shelley Stamp, historienne du cinéma)


HALIMI Gisèle

Avocate et féministe franco-tunisienne (1927-2020)

Seule avocate signataire en 1971 du Manifeste des 343 femmes, Gisèle Halimi a passé sa vie à lutter contre l’obscurantisme, le machisme et plus généralement contre la domination des forts sur les faibles.
Elle reste comme l’un des plus ferventes défenseuses de la cause des femmes.

// L’indépendance passe aussi par l’école

Née à une époque et dans une famille où être une fille était un fardeau dont la seule issue était de trouver un mari, Gisèle Halimi comprend très rapidement que le savoir peut être une arme redoutable. Face à la soumission de sa mère, elle en est sûre, elle ne sera jamais dépendante d’un homme. Et son indépendance, elle l’acquière au fil du temps par l’instruction !

Titulaire d’une bourse qui l’exempt de frais de scolarité, elle excelle jusqu’au bac qu’elle obtient à 17 ans. Après des études de droit à Paris, elle prête son serment d’avocate en 1949, elle n’a que 21 ans !

// Une avocate engagée

Très rapidement elle prend la défense des militants de l’indépendance algérienne et s’illustre comme un figure majeure du féminisme en France. Se déclarant ouvertement pour les moyens de contraception et l’avortement, elle fonde le mouvement Choisir la cause des femmes et participe à l’évolution des consciences préparant la loi Veil sur l’Interruption Volontaire de Grossesse (IVG) de 1975.

Ses différentes prises de position et ses combats menés à la barre contribuent à la reconnaissance du viol en tant que crime et non plus de simple délit.

// Pour une politique de terrain

Dès 1965 elle fonde le Mouvement démocratique féminin afin de soutenir la candidature de François Mitterrand à la présidence de la République.

Députée entre 1981 et 1984, elle milite notamment pour les quotas par sexe aux élections et s’engage pour la défense des droits des homosexuels. Déçue par la politique qu’elle voit comme un “bastion de la misogynie“, elle se rapprochera tout de même de Jean-Pierre Chevènement aux élections européennes de 1994 après avoir oeuvré auprès de l’UNESCO et de l’ONU.

// Elle a dit…

« Mes parents ne l’avaient pas inventé, c’était une hiérarchie tout à fait commune et pratiquée par tous dans le même milieu que le nôtre : les filles servaient les garçons. (…) Servir mes frères que je trouvais complètement cancres alors que je m’éveillais à la vie, je trouvais cela très injuste. »

« À chaque étape de ma vie, il y avait un jalonnement de handicaps qui venait du fait que j’étais une fille »

“C’est à partir de ma vie même, de mon vécu, que j’ai pris conscience de la discrimination qui frappait les femmes, de l’injustice intolérable, que je me suis révoltée et que, par la suite, en lisant goulûment, j’ai théorisé.“


KAHLO Frida

Ecrivaine et révolutionnaire française (1935-2003)

Sans doute l’une des plus grandes artistes du XXème siècle, Frida Kahlo a toujours mis en avant son pays, le Mexique, et s’est attachée sa vie durant
à défendre les opprimés.
Mystérieuse, peu connue du grand public, elle saura magnifier sa souffrance et la mettre au service de son art.

// Une enfance compliquée

Dès le début de ses études, Frida Kahlo n’a eu de cesse de mettre en avant l’identité nationale du Mexique, un besoin, presqu’un sacerdoce qu’elle défendra toute sa vie.

Le 17 septembre 1925, elle a alors 18 ans, quand le bus qui la ramène de l’école sort de la route : elle est grièvement blessée au ventre, au pied et surtout au dos. Elle restera alitée durant plusieurs mois et en portera toute sa vie les séquelles et d’horribles douleurs quasi quotidiennes.

Elle profite de cette convalescence pour peindre, notamment de nombreux autoportraits, souvent en présence de ses animaux favoris.

// Engagée politiquement

En parallèle de sa carrière artistique, Frida Kahlo adhère en 1928 au Parti Communiste.

La jeune artiste prend clairement la défense des femmes mexicaines, “cette masse silencieuse et soumise“ qui subit une société encore très machiste, allant même jusqu’à afficher ouvertement sa bisexualité.

C’est à cette époque qu’elle rencontre Diego Rivera, artiste reconnu, c’est le coup de foudre. Le couple s’installera dans ce qui deviendra La Maison Bleue (La Casa Azul) où Frida vivra jusqu’à sa mort. Ensemble, ils partageront l’amour l’un pour l’autre, celui de l’art et de leur patrie commune, le Mexique.

// Un art exorcisant

En 1938 elle réalise sa première exposition à New York, montrant enfin au monde ses sources d’inspiration et son génie artistique. Sa perpétuelle souffrance n’entamera pas son optimisme débordant, que l’on retrouve tous deux dans ses oeuvres.

Ses peintures peuvent faire penser au surréalisme mais elle s’en est toujours défendue, précisant “Je n’ai jamais peint de rêves. Ce que j’ai représenté était ma réalité.“

La plupart de ses oeuvres, vulgaires ou poétiques, transcrivent son état d’esprit, lors de ses avortements ou devant l’infidélité de Diego, mais aussi sa “mexicanité“.

// Œuvres

1929 : Le bus
1932 : L’hôpital Henry Ford
1935 : Quelques petites piqûres
1940 : Autoportrait aux cheveux bouclés
1944 : La colonne brisée
1945 : Sans espoir

// Elle a dit…

“Il y en a qui naissent avec une étoile et d’autres comme des étoiles tombées par terre, écrasées, pleines de coups, et bien que vous ne vouliez peut-être pas le croire, je fais partie de celles qui sont bien tombées par terre.”

“Douleur, plaisir et mort ne sont rien de plus que le processus de la vie. La lutte révolutionnaire, dans ce processus, est une porte ouverte à l’intelligence.” 

// On a dit d’elle…

“Elle est la première femme dans l’histoire de l’art à avoir repris avec une sincérité absolue et impitoyable, et on pourrait dire avec une impassible cruauté, les thèmes généraux et particuliers qui concernent exclusivement les femmes.“ (Diego Rivera, artiste)


LAMARR Hedy

Actrice et scientifique américaine (1914-2000)

Si nous pouvons actuellement nous connecter en Wi-Fi, c’est en grande partie grâce aux travaux d’Hedy Lamarr qui terminera pourtant sa vie dans l’oubli
le plus total.
Star du cinéma et découvreuse d’un système secret de communication, elle représente une forme de liberté hors-normes.

// Une grande actrice

Hedy Lamarr débute sa carrière artistique à l’âge de 16 ans et se fait très rapidement remarquer par sa présence et sa beauté qui seront même saluées par le New York Times.

Dans le film Extase de 1933 dont le scénario est proche de L’amant de Lady Chatterley, nue, elle simule un orgasme qui sera le premier de toute l’histoire du cinéma ! Cette scène qui fait sensation lui vaut d’ailleurs une condamnation de la part du pape Pie XII.

Sa carrière se poursuit aux Etats-Unis où elle tournera avec Robert Taylor, Spencer Tracy… alternant des rôles sensuels, dramatiques et même drôles qui lui valent les faveurs du public et des critiques ; mais ce sera dans  les thrillers qu’Hedy Lamarr s’illustrera le mieux.

Elle reste surtout connu pour sa participation dans le triomphale péplum Samson et Dalila de 1949 où elle apparait en femme fatale et sans coeur, ainsi que pour ses nombreuses rencontres : David Niven, Marlon Brando, Jean-Pierre Aumont, Errol Flynn, Orson Welles, Charlie Chaplin, Billy Wilder, Otto Preminger, Charles Boyer, Clark Gable, James Stewart, Robert Taylor, Robert Walker, Spencer Tracy, Robert Capa…

// Une scientifique non reconnue

Intéressée par la technologie militaire depuis son mariage avec le fabricant d’armes Friedrich Mandl, elle échange souvent avec son ami le compositeur George Antheil qui utilise des séquences de hautes fréquences pour l’élaboration de ses compositions musicales.

A partir de ces différentes expériences, Hedy Lamarr et son comparse proposent à l’armée américaine, dans le cadre de l’effort de guerre, leur invention. Celle-ci, en permettant des changements de fréquences, rend presque impossible la détection de torpilles envoyées par des sous-marins. Ils rendent cette invention immédiatement libre de droits pour l’Armée des États-Unis et n’en obtiendront donc aucune compensation financière.

Ignoré au départ, ce procédé sera surtout utilisé lors de la crise des missiles de Cuba en 1962, durant la guerre du Viêt-Nam et encore maintenant, les liaisons satellites, les téléphones portables et plus généralement les systèmes GPS et Wi-Fi mettent à profit les principes de l’invention de George Antheil et de Hedy Lamarr.

// Œuvres

1933 : Extase
1938 : Casbah (avec Charles Boyer)
1939 : La dame des Tropiques (avec Robert Taylor)
1940 : Camarade X (avec Clark Gable)
1949 : Samson et Dalila (avec Viktor Mature)

// Elle a dit…

“N’importe quelle fille peut avoir l’air glamour, tout ce que vous avez à faire est de rester immobile et de prendre un air idiot.“

En dessous de 35 ans, un homme a trop à apprendre et je n’ai pas le temps de lui donner des leçons.“

// On a dit d’elle…

“Lorsque j’ai fait la connaissance d’Hedy Lamarr il y a environ vingt ans, elle était si époustouflante que toutes les conversations s’interrompaient dès qu’elle entrait dans une pièce. Où qu’elle allât elle devenait le point de mire de tous les regards. Je doute qu’il y ait eu un seul individu pour s’inquiéter de s’il y avait quelque chose derrière cette beauté. Tout le monde était trop occupé à la fixer bouche bée.“ (Georges Sanders, acteur)


TUBMAN Harriet

Militante antiraciste et féministe (1821-1913)

Intelligente et faisant preuve d’un grand courage, Harriet Tubman mit à profit son audace et son expérience pour secourir les esclaves afro-américains après s’être elle-même libérée de ses chaînes.
Féministe dans l’âme, elle militera toute sa vie en faveur des droits des femmes.

// Une esclave révoltée

Née esclave, Harriet Tubman est très régulièrement victime de mauvais traitements durant son enfance.

Affamée, battue et même fouettée, elle se prend de passion pour Dieu suite à un violent choc à la tête survenu alors qu’elle était encore adolescente : elle fut frappée par un contremaître pour avoir refusée d’arrêter un esclave qui tentait de s’enfuir. Déjà…

Elle s’inspire de l’Ancien Testament et se voit en libératrice de son peuple opprimé. Le fait d’avoir épousé un homme libre en 1844 ne lui changera en rien sa condition d’esclave.

// Une abolitionniste engagée

Elle parvient à s’échapper en 1849 et rejoint le Underground Railroad, réseau de maisons, tunnels et routes élaboré par les abolitionnistes.

Elle aide de nombreux esclaves à fuir leurs conditions de vie inhumaines, obtenant ainsi le surnom de Moïse.

Durant une dizaine d’années, elle organise et participe à 19 expéditions dans le Sud, sauvant ainsi plus de 300 esclaves.

Durant la Guerre de Sécession, elle sert l’Union comme cuisinière et infirmière puis comme espionne avant de s’engager au combat lors de raids servant à libérer des esclaves. A la tête d’une expédition navale en 1863, elle permet la libération de 750 esclaves !

// Un engagement sans faille

Après la guerre, Harriet Tubman poursuivra son oeuvre en militant en faveur des afro-américains et pour le droit de vote des femmes.

En 2016, le Président Obama avait proposé qu’elle figure à partir de 2020 sur les billets de 20 dollars, les plus utilisés aux Etats-Unis. Elle devait ainsi remplacer Andrew Jackson, le président esclavagiste surnommé “le tueur d’indiens“. Cette décision a été reportée à 2028 par Donald Trump… 

// Elle a dit…

“Je n’ai jamais perdu un passager.“

Si j’avais convaincu plus d’esclaves qu’ils étaient bien des esclaves, j’en aurais pu sauver des milliers d’autres.

// On a dit d’elle…

“À l’exception de John Brown… je ne connais personne qui ait volontairement bravé autant de périls et de tribulations pour libérer notre peuple enchaîné.“ (Frederick Douglass, homme politique américain)

“Je n’ai jamais rencontré aucune personne d’aucune couleur qui eut plus confiance qu’elle en la voix de Dieu.“ (Thomas Garrett, abolitionniste américain)


WITTIG Monique

Ecrivaine et révolutionnaire française (1935-2003)

Romancière et philosophe, pionnière du Mouvement de Libération
des Femmes (MLF), elle a théorisé l’identité lesbienne, les stéréotypes
de genres et remis en question le sexisme de la langue française.
Elle n’a eu de cesse dans son œuvre littéraire de tenter de dépasser la distinction de genre.

// Le refus du masculin universel

Originaire du Haut-Rhin qu’elle quitte après l’annexion de l’Alsace par l’Allemagne, elle suit des études exemplaires à Paris où elle obtient un doctorat de Lettres en 1986.

Sa thèse Le Chantier littéraire : témoignage sur l’expérience langagière d’un écrivain, lui permet déjà d’étudier le rôle de l’écrivain et son processus d’écriture, aboutissant à une réflexion sur le genre grammatical, dénonçant ainsi “l’appropriation par les hommes de l’universel“.

En 1964, elle s’impose comme une voix unique en littérature avec son premier roman qui obtient le Prix Médicis. Dans L’Opoponax, l’autrice fait une critique du neutre masculin. Pour raconter la vie d’une petite fille, elle utilise le “on” à la place du “elle” ou du “je”. Un pronom qui échappe volontairement aux catégories de genres.

// Féministe et lesbienne

Elle devient ainsi une figure importante du féminisme dès les années 60. Elle s’engage tout d’abord au sein de mouvements maoïstes révolutionnaires et altermondialistes, notamment avec Antoinette Fouque et Josiane Chanel.

Après Mai 68 et la révolution politique, Monique Wittig participe à la fondation du Mouvement de Libération des Femmes (MLF) et organise des actions coups de poing, comme lorsqu’elle porte une banderole : “Il y a plus inconnu que le soldat inconnu : sa femme“ ou qu’elle cosigne le “Manifeste des 343” pour défendre le droit à l’avortement.

Mise à l’écart au sein même du mouvement féministe parce qu’elle est lesbienne, Monique Wittig est contrainte au silence par les militantes féministes qui refusent aux lesbiennes d’être visibles en tant que telles.

// Transmettre ses idées…

Déçue par le féminisme français, elle s’exile aux États-Unis avec sa compagne Sande Zeig, y trouvant des militants plus réceptifs à ses idées et s’imposant comme une pionnière des études de genre.

Elle y fera carrière en tant que professeure dans plusieurs grandes facultés américaines, enseignant le féminisme et le français.

Elle décède en 2003 en étant une icône lesbienne aux États-Unis.

// Œuvres

1964 : L’Opoponax (prix Médicis)
1969 : Les Guérillères
1973 : Le Corps lesbien
1976 : Brouillon pour un dictionnaire des amantes
1985 : Virgile
1992 : La Pensée straight
1999 : Paris-la-Politique
2010 : Le Chantier littéraire

// On a dit d’elle…

“Ce qui l’intéresse, c’est politiser l’hétérosexualité, c’est démontrer que l’hétérosexualité est un régime politique, une norme dominante. Que l’hétérosexualité s’incarne par tout un tas d’habitudes, de pratiques au quotidien.
Et c’est ça qui a choqué : à l’époque, l’hétérosexualité était une évidence. On ne pensait pas l’hétérosexualité comme “une” sexualité. C’était “la” sexualité.
Monique Wittig dit : “Les lesbiennes ne sont pas des femmes” car ce qui fait une femme c’est une relation sociale particulière à un homme. Relation à laquelle les lesbiennes échappent en refusant de devenir ou de rester hétérosexuelles“. (Ilana Eloit, chercheuse au CNRS)