Cette recherche visait à identifier la place qu’occupent les idées antiféministes et masculinistes dans la presse féminine.
Une analyse de corpus du magazine Châtelaine représentant près de 30 % de l’ensemble des numéros publiés depuis sa fondation en 1960 jusqu’en 2009, permet de démontrer que la transformation du contenu en ce qui concerne le féminisme et les hommes correspond à la montée en puissance d’un ressac antiféministe dans les années 1980 et à l’émergence d’un mouvement masculiniste au Québec et ailleurs en Occident durant la même période. Les discours antiféministes et masculinistes trouvent à s’exprimer dans les chroniques mensuelles tenues par des hommes ; dans les reportages portant spécifiquement sur l’activisme des groupes d’hommes et de masculinistes ; dans les dossiers spéciaux ou des éditions spéciales s’intéressant à la « condition des hommes » ; et, finalement, dans les commentaires publiés dans l’espace du courrier d’opinion.
En parallèle, Châtelaine met de l’avant un discours néotraditonnaliste (re)valorisant les femmes-mères à la maison en opposition à la superwoman, une image associée à la féministe malheureuse, parce que célibataire et sans enfants. Cette étude permet de conclure que Châtelaine constitue un espace important de production et de diffusion de discours critiques du féminisme à la fois sympathiques et empathiques aux revendications mascuslinistes, dont le lectorat est majoritairement féminin.