Discours et mobilisations des féministes québécoises autour du travail ménager (1968-1985)
Au tournant des années 1970, on assiste à l’émergence d’un renouveau féministe au Québec, marquée par la création du Front de libération des femmes du Québec en 1969.Une part du mouvement féministe envisage alors les activités domestiques non plus comme faisant partie d’une « nature féminine », mais comme un véritable travail.
Cette démarche s’inscrit dans la recherche d’une oppression commune à toutes les femmes et dans l’idée d’une « communauté de situation ». Le travail ménager non rémunéré apparaît alors comme le « plus petit dénominateur commun » de la condition de toutes les femmes, et ce peu importe leur statut civil, leur classe sociale ou leur occupation.Durant les années 1970 et et 1980, plusieurs débats ont lieu quant à la reconnaissance de ce travail.
Si certaines féministes défendent la revendication d’un salaire au travail ménager, plusieurs d’entre elles revendiquent plutôt une socialisation de ce travail parla mise en place de services collectifs (garderies populaires, cantines, etc.). D’autres féministes, enfin, demandent la mise en place de certaines réformes de réduire la précarité financière des mères et des ménagères.
Dans la présente étude, nous proposons une analyse des discours sur le travail ménager, ainsi qu’un examen des différentes avenues de reconnaissance envisagées par les féministes québécoises. En analysant les publications de collectifs féministes, de groupes de femmes et d’organismes liés à la condition féminine, nous pouvons dès lors affirmer que le travail ménager a été un thème marquant pour le cheminement théorique et militant du mouvement des femmes. Bien qu’omniprésent dans les discours féministes des années 1970 et 1980, des collectifs plus radicaux aux associations féminines réformistes, il a été bien rapidement oublié dans les bilans et dans l’historiographie. Nous tenterons alors de mettre de l’avant les discours féministes sur la reconnaissance du travail ménager comme élément de continuité au sein du mouvement féministe.