« Je voulais mettre en scène les images manquantes de l’histoire des femmes »
Dans Annie Colère, la réalisatrice revient sur l’histoire du MLAC (Mouvement pour la Liberté de l’Avortement et de la Contraception) dont les actions de désobéissance civile ont conduit le gouvernement à légaliser l’avortement en 1974.
De quelles archives disposiez-vous pour retracer cette histoire ?
J’ai rencontré la chercheuse Lucile Ruault, qui venait de terminer la première grande thèse sur le MLAC. Un travail de 800 pages, qui lui a pris environ cinq ans et demi. Je me suis plongée pendant six mois dans cette thèse avec ma coscénariste Axelle Ropert, pour bien appréhender et comprendre l’environnement politique de l’époque. Je tirais les fils de ce qui me passionnait le plus dans cette histoire pour ensuite pouvoir construire une fiction.
Par la suite, les différentes versions du scénario ont été relues par Lucile Ruault, afin de s’assurer que nous ne faisions pas d’erreur. Et quand le scénario a été vraiment abouti, je l’ai fait lire à des anciennes du MLAC. Elles ont précisé le vocabulaire et rajouté des expressions. Elles m’ont surtout appris le geste de la méthode Karman (ndlr : pratiquée par les médecins bénévoles du MLAC, cette méthode simple et indolore consistait à aspirer le contenu de l’utérus à l’aide d’une canule), afin que je le maîtrise et que je puisse ensuite l’apprendre à mes actrices et mes acteurs.