Qui hormis celui de George Sand, saurait citer le nom d’une écrivaine du 19e siècle ? Pourquoi en 2023, seules trois autrices figurent sur la liste des épreuves du bac ? Dans sa série Autrices, Daphnée Ticrizénis nous emmène à la rencontre de grandes plumes féminines, grandes oubliées de la postérité.
Le propre d’un génie est d’être incompris, selon Oscar Wilde. Celui d’un génie au féminin serait de rester inconnu ?
Si je vous dis Voltaire, Rousseau, Chateaubriand, Victor Hugo, Balzac, Maupassant … Facile. Ces grands philosophes ou écrivains de la littérature française, ces génies donc, sont ceux qu’on étudie en classe. Que des hommes. Quid des écrivaines ? N’ont-elles donc pas existé ? Le talent littéraire serait-il réservé à une seule moitié de l’humanité ?
Évidemment, non, répondrez-vous. Et de citer l’autrice des Malheurs de Sophie, la célèbrissime Comtesse de Ségur, George Sand ou l’illustre et incontournable Colette et sa Claudine à l’école, entre autres, ou bien encore Olympe de Gouges, rendue plus populaire depuis que son buste en marbre a pris place dans un couloir de l’Assemblée nationale … Mais quid des autres ? Car il en a existé, et pas qu’une petite poignée…
Dans son premier tome, Daphnée Ticrizénis retraçait le parcours de femmes qui ont écrit du Moyen Âge à la Renaissance. Une période particulièrement favorable à celles qui osaient prendre la plume. Dans son deuxième tome, l’autrice explore leurs héritières, qui vont pâtir d’un contexte particulièrement mouvementé. Empêchées, spoliées, moquées, puis tout simplement effacées, ces écrivaines du XVIIIe siècle ont pourtant contribué aux réflexions des Lumières. Mais pour publier, elles vont devoir se soumettre à de nombreuses contraintes, et le faire soit de manière anonyme, soit par l’intermédiaire d’un proche.
Elles vont aussi prendre part activement aux révolutions de 1789 et de 1848, comme à la Commune en 1870, comme l’attestent leurs écrits. Romans, littérature épistolaire, pamphlets, poèmes, essais, pièces de théâtre … Un matrimoine quasiment ignoré qu’il s’agit de nous remettre en mémoire, afin de procéder à un rééquilibrage nécessaire. Guérir de cette amnésie patriarcale, c’est ce à quoi travaille l’universitaire, qui signe Autrices (Tome 1 et Tome 2) aux Editions Hors d’atteinte, que nous avons rencontrée.