Première française docteur en médecine (1842-1921)
// Une destinée toute tracée
Fille de charron (artisan spécialiste du bois et du métal qui concevait, fabriquait et réparait les véhicules avant la motorisation), elle est mariée à un conducteur d’omnibus à l’âge de 15 ans.
Le travail de son père l’amène régulièrement à fréquenter l’hôpital de Nîmes où une religieuse lui enseigne quelques rudiments de médecine.
C’est là qu’elle trouve sa vocation.
En 1866, alors âgée de 24 ans et mère de plusieurs enfants, elle demande au doyen de la Faculté de Médecine de Paris l’autorisation de s’inscrire en médecine. Charles-Adolphe Wurtz n’est pas contre mais il lui demande d’abord de passer son baccalauréat.
Déterminée, elle l’obtient en 1869, alors que le baccalauréat n’est accessible aux femmes que depuis 1861. Ce diplôme lui permet de s’inscrire en médecine, mais seulement après accord du Conseil des Ministres et approbation de… son époux !
Stagiaire dans le service du Professeur Paul Broca, elle est reconnue comme étant “brillante et courageuse“.
Madeleine Brès obtiendra son diplôme de médecine en 1875 passant sa thèse sur la composition du lait maternel pour laquelle elle obtient la mention “extrêmement bien“.
// Au service des plus démunis
Elle exerce ensuite en pédiatrie auprès d’une patientèle privée et au sein de crèches municipales. Veuve très tôt élevant seule ses trois enfants, elle s’investit partout : elle dirige le journal Hygiène de la femme et de l’enfant, rédige plusieurs ouvrages, fait des conférences sur l’hygiène dans des écoles maternelles et prend le temps de s’informer en Suisse sur le fonctionnement des crèches.
Guidée par des préoccupations sociales, elle est certaine que développer l’hygiène est le meilleur moyen de lutter contre la mortalité infantile.
En 1885, elle crée une crèche aux Batignolles à Paris où les enfants peuvent être gardés et soignés gratuitement jusqu’à l’âge de trois ans.
Le reste de sa carrière se fera en puériculture n’ayant de cesse de louer les bienfaits de l’hygiène.
// On a dit d’elle…
“Madame Brès est entrée dans mon service en qualité d’élève stagiaire en 1869. Au mois de septembre 1870, l’absence de plusieurs internes appelés dans les hôpitaux militaires, nécessitait la nomination d’internes provisoires. Madame Brès sur ma proposition fut désignée comme interne provisoire. En cette qualité, pendant les deux sièges de Paris et jusqu’au mois de juillet 1871, elle a fait son service avec une exactitude que n’a pas interrompu le bombardement de l’hôpital. Son service a toujours été très bien fait et sa tenue irréprochable. Madame Brès s’est toujours fait remarquer par son zèle, son dévouement et son excellente tenue. Elle nous a particulièrement secondés pendant la dernière insurrection.“ (Paul Broca, médecin)