Le 18 mars 1871, la Commune de Paris donnait ses premiers coups. 72 jours plus tard, elle s’achevait dans un bain de sang. Pour que cette expérience révolutionnaire française, inédite, et observée du monde entier s’arrête, les Versaillais dirigés par Adolphe Thiers ont tué entre 25 000 et 30 000 communard·es. Et arrêté des milliers d’autres, pour la plupart déportées. Parmi celles et ceux qui ont réussi à fuir, Elisabeth Dmitrieff, une jeune Russe, très déterminée.
La modernité de la Commune de Paris dépasse les réformes sociales, et parmi les grandes innovations sociétales, elle adopte l’éligibilité des femmes. Femmes qui, au-delà de la Française Louise Michel, toujours trop mise en avant, ont joué un rôle considérable durant ce mouvement, militaire, politique, moral, etc. En particulier la jeune aristocrate russe Elisabeth Dmitrieff.
Elisabeth Dmitrieff, aristocrate et pétroleuse
En ce 150ème anniversaire de la Commune de Paris, lorsqu’on évoque les Communards et encore plus les femmes actives dans la révolution de mars 1871, une figure écrase toutes les autres, celle de Louise Michel. À tort. Sans doute incarne-t-elle mieux une icône hexagonale pour l’imagerie révolutionnaire française, qui n’hésite pas non plus à se teinter de patriotisme, voire de nationalisme. Sans doute aussi Louise Michel tissa-t-elle elle-même sa légende, réinventant son rôle lors de son procès, après la semaine sanglante, et dans ses écrits de Nouvelle-Calédonie où elle fut envoyée en relégation. L’institutrice petite bourgeoise ne fut pourtant qu’une pétroleuse discrète, qui atteindra sa dimension subversive au contact des Kanaks, avec ses réflexions anticoloniales. Pour les compagnons de combats et d’infortune, comme pour l’histoire du mouvement ouvrier, André Léo, théoricienne de la guerre sociale, était sans doute trop intellectuelle et bourgeoise ; Nathalie Lemel, initiatrice avec Eugène Varlin de la Marmite, ancêtre des restos du cœur avec un siècle d’avance, trop âgée et discrète ; Elisabeth Dmitrieff, dirigeante de l’Union des femmes, l’association la plus importante des Communardes, trop impulsive, militaire, trop aristocrate, et surtout trop russe…
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