Depuis l’explosion de croissance qu’a provoquée son arrivée sur Internet, la pornographie est aussi devenue une super-giga-business : en 2020, les revenus de l’industrie étaient estimés à 60 milliards dans le monde. Ces chiffres nous susurrent que la porno est maintenant une culture commune, qu’on le veuille ou non.
On dit souvent que la pornographie est faite par et pour des hommes. Mais les femmes aussi en consomment, et en réalisent. Une pornographie dite féministe tente de répondre à cette demande.
Depuis trois ans, le festival Filministes, d’un féminisme complètement assumé, consacre tout un volet de sa programmation, les Filminounes, à la pornographie féministe. Cette série de courts métrages, qui sont présentés au cinéma L’Amour, prend « des formes éclatées, plus expérimentales, plus sensorielles et plus évocatrices », explique l’une des directrices du festival, Maha Farah Elmir. Tout récemment, un spectacle de Cinéma Erotika, cofondé par Ariana Molly avec la collaboration de Veronika Yemelyanova, prenait aussi l’affiche, toujours au cinéma L’Amour.
« La pornographie soulève bien des émois et des critiques divisant irrémédiablement les féministes : visions stéréotypées, violences sexuelles, phallocentrisme, exploitations, etc. », expliquent les directrices du festival Filministes. « Avec cette séance coquine, nous souhaitons faire place à des démarches esthétiques qui déplacent les points de vue hors du scénario traditionnel, tout en laissant une place à une production féministe plus mainstream. »