Nathalie Sarraute et « le plus simple des mélanges » : androgynie et homosexualité latente dans Martereau et Le Planétarium de Gabriel Laverdière (p.129)
Dès son premier ouvrage, Tropismes, Nathalie Sarraute s’est davantage intéressée à la complexité des sensations humaines, à la fragilité de leur évolution et au caractère ambigu de leurs traces empiriques, qu’à la construction de récits selon les codes traditionnels. On conviendra que cette description, un peu générale, sied à la plupart des grands écrivains.
Cela dit Sarraute s’est engagée dans ce projet d’une manière toute particulière qui l’a incitée à développer une pratique romanesque novatrice. Dans son écriture, cette recherche constante de l’intériorité passe par une multitude de procédés qui sont toujours liés à la volonté qu’a l’auteure de contourner les conventions littéraires afin d’éviter que la littérature se fige dans les clichés.
Son œuvre réputée exigeante se déleste des habituelles représentations des personnages en les affranchissant des limites imposées par leur identité sexuelle. Afin d’explorer l’essence même de l’humain, illustrée dans ses œuvres par la figure de tropismes qui ne tiennent pas compte, selon elle, des différences de sexe, Sarraute vise le genre neutre, l’androgynie en quelque sorte. C’est dans cette perspective que seront examinés les romans Martereau et Le Planétarium.