Dans l’Europe occidentale, depuis l’Antiquité jusqu’au XIIIe siècle, nombreuses étaient les femmes pratiquant la médecine et la chirurgie.
Respectées, savantes, certaines d’entre elles ont écrit des ouvrages médicaux de référence pour leur époque ou enseignaient en université. À partir du Moyen Âge, elles furent évincées des postes prestigieux et peu à peu cantonnées aux tâches subalternes d’aides-soignantes ou de sages-femmes. Quels événements permirent cet exil ? Pour quelles raisons s’est-il perpétué si longtemps ?
La plupart des « sorcières » persécutées en Europe à partir du XVe siècle étaient en réalité des sages-femmes et des guérisseuses, héritières d’une longue tradition d’exercice laïc de la médecine, plus pragmatique que théorique.
Mais pour raconter l’histoire de ces expertes (avant qu’elles soient totalement évincées), les chercheurs se heurtent à plusieurs obstacles : les informations sont peu nombreuses et disparates, fragmentées en de nombreuses sources très différentes ; sources biographiques, par exemple, mais aussi sources économiques, judiciaires, administratives. Quelquefois ne subsistent que des prénoms ou des noms, comme ceux des femmes inscrits à l’Ars Medicina de Florence (un traité médical), ou celui de la religieuse apothicaire Giovanna Ginori, inscrite sur les registres fiscaux de la pharmacie dans laquelle elle travaillait pendant les années 1560.