Renée Vivien est une femme libre. Dans ses poèmes, elle révèle avec finesse ses amours saphiques, passionnées, mais souvent malheureuses. Méprisée par la critique de son époque, cette poétesse britannique de langue française aura mené une vie hors du commun.
« Muse aux violettes » ou « Sappho 1900 » : voilà deux des surnoms qui ont été donnés à Renée Vivien, poétesse du Parnasse oubliée, à la vie tragique et tumultueuse. Née en 1877 à Londres, elle meurt en 1909, à Paris, à 32 ans. Poétesse anglaise de langue française, son œuvre sera influencée par l’œuvre de Baudelaire et celle de Sappho. Sa vie mouvementée est partagée entre ses amantes, ses voyages et ses tentatives de suicide ; fantasque et fragile, elle célèbre dans ses vers l’amour pur et la beauté des femmes, mais sombre tout au long de sa vie dans l’alcool, la drogue et la dépression. Son amie Colette, après sa mort, qualifiera ainsi son œuvre : « l’œuvre de Renée habite une région de tristesse élevée, où les « amies » rêvent et pleurent autant qu’elles s’y enlacent. »
Renée Vivien, de son vrai nom Pauline Mary Tarn, naît à Londres. Son éducation se fait entre différents pensionnats français et anglais. C’est dans l’un de ces pensionnats qu’elle rencontre Violette Shillito, sa première amie, et peut-être son premier amour. La mort de celle-ci, en 1901 la marque durablement : et c’est en hommage à cette amie qu’elle s’entoure, toute sa vie, de bouquets de violettes. Son obsession pour ces fleurs sera telle qu’après sa mort, les violettes deviendront un symbole pour la communauté lesbienne.
Une fois majeure, en 1898, elle vient s’installer à Paris. Elève brillante et ambitieuse, elle est très tôt passionnée par l’Antiquité et la langue grecque. C’est pourquoi dès son arrivée, elle commence les cours de grec ancien : elle devient rapidement excellente. C’est sans doute à cette époque que la jeune femme découvre l’œuvre de Sappho : la figure de cette poétesse lesbienne, célébrée dans toute l’Antiquité comme l’Homère féminin, la suivra toute sa vie.
En 1899, un an après son arrivée à Paris, elle rencontre Natalie Clifford Barney, riche femme de lettre américaine, ouvertement lesbienne, avec laquelle elle entame une liaison. Celle-ci la fait entrer dans le cercle de Paris-Lesbos, fréquenté par de nombreuses intellectuelles de l’époque. Les années 1900 voient en effet une floraison d’œuvres écrites par des femmes, célébrant l’amour entre femmes : Lucie Delarue-Mardrus, Colette ou Anna de Noailles font partie de ces autrices. Renée Vivien commence alors à écrire, et ne s’arrête plus.