Un ouvrage complet, fruit d’un projet éditorial de cinq ans, revient sur l’histoire et les pratiques de l’allaitement en Europe, de l’Antiquité à nos jours. Une thématique plus complexe que le simple geste de donner le sein laisserait penser.
Le premier repas d’un nouveau-né humain est le plus souvent une gorgée de liquide qu’il tète instinctivement d’un sein nourricier. La lactation apparue au cours de l’évolution permet d’assurer la survie et d’achever le développement des petits mammifères. Cependant, pour l’être humain, l’allaitement qui peut durer plusieurs mois voire plusieurs années représente bien plus que le geste élémentaire d’une mère nourrissant un enfant.
Depuis l’Antiquité au moins, cette pratique fait l’objet de multiples constructions culturelles et sociales. Elle est chargée de symboles forts et son histoire est traversée par des tensions religieuses, sociales, politiques et économiques. Pour la reconstituer, une équipe de chercheuses, dirigée par Yasmina Foehr-Janssens, professeure au Département de langues et littératures médiévales de l’Université de Genève, et Daniela Solfaroli Camillocci, professeure associée et directrice de l’Institut d’histoire de la Réformation, a rassemblé plus de 70 contributions originales dans un récent ouvrage de près de 1000 pages: Allaiter de l’Antiquité à nos jours: histoire et pratiques d’une culture en Europe (Brepols Publishers, 2023)1.
Fruit d’un projet Sinergia financé par le Fonds national suisse durant cinq ans (2013-2017) à hauteur de 1,5 million de francs, ce livre a également fait l’objet d’une table ronde durant le dernier Festival Histoire et Cité, à l’Unige, au printemps. Tour d’horizon non exhaustif en compagnie des deux responsables du projet et de deux autres membres du comité éditorial: Francesca Arena, historienne et maître-assistante à l’Institut éthique histoire humanités (Faculté de médecine, Unige), et Véronique Dasen, professeure au Département d’histoire de l’art et d’archéologie de l’université de Fribourg.