Atlas mondial des femmes, les paradoxes de l’émancipation par Attané Isabelle, Brugeilles Carole, Rault Wilfried (2015) / Autrement « Atlas/Monde », 96 p. (n° 60)
De quoi accusait-on les sorcières méthodiquement persécutées par les Églises et les États ?
La première accusation est sexuelle et ostracise toutes les femmes dont la nature est corrompue selon le Malleus Maleficarum 2 : « Toute sorcellerie provient du désir charnel qui est insatiable chez les femmes… ». Les sorcières sont responsables de leur ignominie. Puissantes d’avoir copulé avec le diable, elles nuisent aux hommes par la luxure, le sort d’impuissance, l’avortement ou les contraceptifs qu’elles donnent aux femmes.
La seconde accusation prohibe leur organisation collective. Les censeurs imaginent des sabbats orgiaques où d’autres, plus tard, évoqueront des cérémonies païennes. Les auteures font l’hypothèse que ces rencontres étaient l’occasion d’échanges de pratiques médicinales. Elles ont la conviction que ces réunions paysannes avaient aussi une portée politique.
La troisième accusation est « la plus incroyable » : les sorcières aident à guérir ! Invraisemblable reproche qui associe sages-femmes et sorcières dans la malfaisance. L’Église, qui acceptait la médecine pour les puissants, offrait au peuple la rédemption par la souffrance et la prière. Si elle croyait de bonne foi que la magie était démoniaque, elle n’en était pas moins garante des commandements qui stigmatisaient les femmes et consacraient les puissants.