Longtemps réservée aux hommes, la création olfactive a commencé à ouvrir ses portes aux femmes à partir de la deuxième moitié du XXe siècle seulement.
Derrière une poignée de grands noms, l’industrie du parfum est pendant des années restée le creuset de stéréotypes bien ancrés et d’inégalités de genre, n’échappant pas en cela aux préjugés déjà abordés dans ce dossier. Retour sur un long chemin pavé (ou pas) de bonnes intentions, éclairé par plusieurs témoignages.
Dans les discours de parfumeurs, on croise souvent des histoires écrites « de père en fils ». Derrière l’aspect traditionnel, qui passe a priori pour un gage de qualité, se cache surtout la coutume des lignées masculines pensées sur le modèle royaliste, et l’idée que la parfumerie serait une sorte de don que l’on reçoit en héritage, installant la légitimité d’être un « fils de ».
On ne parle jamais des filles de ces pères créateurs qui ont baigné de leurs compositions le monde aristocratique : « La parfumerie est imprégnée de ce côté filial que je trouve insupportable : lorsque j’ai commencé ma carrière, on parlait de “fils de”… Personne dans ma famille ne vient de ce milieu, et j’en suis très heureuse : je n’ai hérité de rien, j’ai poursuivi une passion, travaillé pour y arriver. Mes études à l’Isipca ont été un passeport pour pouvoir entrer dans le parfum », note la parfumeuse indépendante Delphine Thierry.