29 avril 2024
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Le placotage des femmes à travers l’Histoire

En lisant dans Le Devoir du 26 mars notre dossier sur la sous-représentation de la parole des expertes dans l’espace médiatique, Michèle Stanton-Jean s’est souvenue d’un papier qu’elle avait écrit en 1978 pour la revue française Sorcières.

Ayant pour thème « La jasette », ce numéro portait justement sur l’invisibilité de la parole des femmes. L’historienne, qui a écrit Histoire des femmes au Québec depuis quatre siècles avec le collectif Clio, nous a permis de le reproduire en témoignage du chemin parcouru, mais aussi de celui qu’il reste à faire pour que la parole des femmes passe du privé au public.

De tous les lieux d’organisation du discours d’où on a exclu les femmes, l’Histoire est peut-être le plus scandaleux. L’Histoire consacre l’annulation de la parole des femmes, sa réduction au placotage, à l’insignifiance puisque l’objet de l’Histoire est de retenir à travers l’événementiel quotidien ce qu’il y a de signifiant et qu’elle n’a rien retenu au sujet des femmes.

Des discours d’hommes, nous en avons tous lus, paroles célèbres, mots d’esprit, citations, etc., mais venant des femmes… rien. Nous n’aurions pas ouvert la bouche que tout, semble-t-il, serait quand même arrivé. L’importance de ce que nous aurons dit a peu de poids puisqu’il ne nous appartient pas de définir ce qui est important ou pas : l’homme décrète ce que retient l’Histoire en sa mémoire sexiste. Réglées par cette machine qui ne nous appartient pas, nous avons toujours raté le bateau de l’Histoire.

Et qu’en d’autres siècles nous ayons dit, nous les femmes, que le monde ne tournait pas rond, que la violence n’était pas acceptable, que l’environnement était important, cela, c’était du placotage de femmes originant d’êtres à cervelles d’oiseau. Mais dès que les préoccupations du discours mâle se sont tournées vers l’un ou l’autre de ces sujets, il est devenu significatif.

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