« Il suffit d’écouter les femmes ». Voilà ce que disait Simone Veil dans sa vibrante plaidoirie en faveur de la légalisation de l’avortement. Sur elles, on a tant disserté que leurs mots se sont envolés.
Yannick Ripa rend la parole au peuple-femme. Depuis leur irruption spectaculaire sur la scène révolutionnaire un certain 5 octobre 1789, les actions, mais aussi les murmures des oubliées, leurs confidences, leurs désirs et leurs désillusions, leurs cris de joie, de douleur ou de révolte dessinent une histoire féminine de la France. Ce pan du passé, elles l’ont construit avec leurs propres mots, leurs propres outils, de là où elles étaient, de là où on leur avait permis d’être, de là où elles avaient osé être…
Leurs vies, minuscules ou exceptionnelles, leurs gestes, anodins ou héroïques (dans l’ordinaire du quotidien comme dans les jours sombres), loués ou condamnés, s’inscrivent dans un temps des femmes. Leurs écrits, abondamment cités, le prouvent ; la riche iconographie de l’ouvrage le confirme : la passivité ne leur convient guère. Révolutions et guerres les divisent (sans-culottes ou Vendéennes, communardes ou Versaillaises, résistantes ou collaboratrices), mais elles leur procurent de tragiques occasions pour tenter de s’émanciper. Ainsi va l’histoire féminine de la France d’hier : effervescente, plurielle, sans cesse mobile. Notre présent en est l’héritier.