Planète 8 mars. Dans son nouvel ouvrage, l’historienne Fanny Gallot montre comment les femmes ont toujours pris la parole et la rue pour influencer les mobilisations sociales.
Comment, depuis les années 1950, le combat des femmes des classes populaires a-t-il fait bouger la société française ? C’est la question qui traverse le nouvel essai de Fanny Gallot, dans lequel l’historienne apporte une série d’éclairages précieux.
En rappelant, pour commencer, que les Françaises laborieuses ont toujours participé aux contestations sociales : «Déjà au XVIIIe siècle, elles prennent part aux révoltes, que celles-ci soient frumentaires (prix du pain trop élevé) ou antifiscales (taxes et impôts trop élevés) : elles peuvent alors occuper le devant de la scène et exhorter les hommes à les suivre».
Mères au foyer, agricultrices, ouvrières… Pour toutes ces femmes, si les champs des luttes sont multiples, les revendications visent toujours la reconnaissance de leur contribution invisibilisée (à la maison) ou largement déconsidérée (dans le monde du travail) au fonctionnement de la société.
Fanny Gallot revient par exemple sur le parcours de Marie-Paule Lambert, «paysanne et syndicaliste à Teillé en Loire-Atlantique». Dans les années 1970, elle participe aux manifestations en Bretagne pour réclamer une revalorisation du prix du lait (déjà !) et une juste rémunération du travail agricole. Le 23 mai 1972, «plus de mille femmes entrent dans l’usine Entremont de Quimper, avant d’investir la laiterie Le Gall», nous rappelle l’historienne. Mais, pour beaucoup, Marie-Paule Lambert reste la femme de Bernard Lambert, le fondateur du syndicat de la Confédération paysanne…
En extirpant les travailleuses du passé brumeux des luttes, l’ouvrage de Fanny Gallot réussit à «désandrocentrer» le récit historique des contestations qui ont façonné la France. Et à établir l’apport des luttes féministes, comme ce fut encore le cas récemment au moment des manifestations massives contre la réforme des retraites, où les mouvements des Rosies et des pink blocs se trouvaient en première ligne.