22 novembre 2024
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WITTIG Monique

Ecrivaine et révolutionnaire française (1935-2003)

Romancière et philosophe, pionnière du Mouvement de Libération
des Femmes (MLF), elle a théorisé l’identité lesbienne, les stéréotypes
de genres et remis en question le sexisme de la langue française.
Elle n’a eu de cesse dans son œuvre littéraire de tenter de dépasser la distinction de genre.

// Le refus du masculin universel

Originaire du Haut-Rhin qu’elle quitte après l’annexion de l’Alsace par l’Allemagne, elle suit des études exemplaires à Paris où elle obtient un doctorat de Lettres en 1986.

Sa thèse Le Chantier littéraire : témoignage sur l’expérience langagière d’un écrivain, lui permet déjà d’étudier le rôle de l’écrivain et son processus d’écriture, aboutissant à une réflexion sur le genre grammatical, dénonçant ainsi “l’appropriation par les hommes de l’universel“.

En 1964, elle s’impose comme une voix unique en littérature avec son premier roman qui obtient le Prix Médicis. Dans L’Opoponax, l’autrice fait une critique du neutre masculin. Pour raconter la vie d’une petite fille, elle utilise le “on” à la place du “elle” ou du “je”. Un pronom qui échappe volontairement aux catégories de genres.

// Féministe et lesbienne

Elle devient ainsi une figure importante du féminisme dès les années 60. Elle s’engage tout d’abord au sein de mouvements maoïstes révolutionnaires et altermondialistes, notamment avec Antoinette Fouque et Josiane Chanel.

Après Mai 68 et la révolution politique, Monique Wittig participe à la fondation du Mouvement de Libération des Femmes (MLF) et organise des actions coups de poing, comme lorsqu’elle porte une banderole : “Il y a plus inconnu que le soldat inconnu : sa femme“ ou qu’elle cosigne le “Manifeste des 343” pour défendre le droit à l’avortement.

Mise à l’écart au sein même du mouvement féministe parce qu’elle est lesbienne, Monique Wittig est contrainte au silence par les militantes féministes qui refusent aux lesbiennes d’être visibles en tant que telles.

// Transmettre ses idées…

Déçue par le féminisme français, elle s’exile aux États-Unis avec sa compagne Sande Zeig, y trouvant des militants plus réceptifs à ses idées et s’imposant comme une pionnière des études de genre.

Elle y fera carrière en tant que professeure dans plusieurs grandes facultés américaines, enseignant le féminisme et le français.

Elle décède en 2003 en étant une icône lesbienne aux États-Unis.

// Œuvres

1964 : L’Opoponax (prix Médicis)
1969 : Les Guérillères
1973 : Le Corps lesbien
1976 : Brouillon pour un dictionnaire des amantes
1985 : Virgile
1992 : La Pensée straight
1999 : Paris-la-Politique
2010 : Le Chantier littéraire

// On a dit d’elle…

Ce qui l’intéresse, c’est politiser l’hétérosexualité, c’est démontrer que l’hétérosexualité est un régime politique, une norme dominante. Que l’hétérosexualité s’incarne par tout un tas d’habitudes, de pratiques au quotidien.
Et c’est ça qui a choqué : à l’époque, l’hétérosexualité était une évidence. On ne pensait pas l’hétérosexualité comme “une” sexualité. C’était “la” sexualité.
Monique Wittig dit : “Les lesbiennes ne sont pas des femmes” car ce qui fait une femme c’est une relation sociale particulière à un homme. Relation à laquelle les lesbiennes échappent en refusant de devenir ou de rester hétérosexuelles
.“ (Ilana Eloit, chercheuse au CNRS)

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