Cahiers d’Histoire du Mouvement Ouvrier, n°29, 2013
Depuis les premières publications des années 1970 sur le sujet, de l’eau a coulé sous les ponts et les approches combinant plusieurs paradigmes se sont succédé.
Parmi les méthodes historiques, ce sont les chercheuses travaillant sur les mouvements ouvriers qui se sont d’abord intéressées aux femmes, comme l’Américaine Joan Scott, qui a marqué un tournant dans la discipline avec Gender and the Politics of History, en 1988.
En France, c’est Michelle Perrot qui a joué un rôle précurseur pour l’émergence de l’histoire des femmes et du genre, en publiant une importante collection réunissant des contributions couvrant différentes époques, au début des années 1990. En Suisse, Brigitte Studer a également initié un virage sur de nouvelles perspectives, avec Féminin-masculin : rapports sociaux de sexes en Suisse : législation, discours pratiques, publié en 1995.
Depuis lors, les réflexions se sont multipliées sur les différentes approches pour faire sortir de l’ombre les exclues de l’histoire. Les femmes dans leurs rapports sociaux avec les hommes étant un ensemble multiforme, les intérêts se sont portés sur la diversité des champs dans lesquels elles apparaissaient : en croisement avec leurs identités de classe sociale et de culture.
Angela Davis l’avait crié haut et fort, dans les années 1980 déjà: les conditions d’existence des femmes blanches des faubourgs aisés n’ont rien en commun avec celles des femmes noires des bas quartiers. Aux paradigmes de sexe, genre et race, comme l’indiquent les anglo-saxons, ou de culture – notion jugée plus adéquate chez les franco phones – est venu s’ajouter celui de l’orientation sexuelle, avec les études queer.