Certains connaissent déjà l’histoire de Hildegarde de Bingen, cette moniale bénédictine frappée par des visions dès l’âge de 3 ans. Mais quid des vies et des destins qu’elle a impacté par ses mots ?
Tout commence… avec une énumération de saintes. Hélendrude, Cordula, Ursule et tant d’autres – moniales, femmes de foi ou frappées de visions, tuées par la société de leur temps, tuées aussi par le temps lui-même. Hildegarde, elle, n’appartient pas à cette fresque, arpente un autre chemin, vers une autre destinée.
« Il est des saintetés passagères, des saintetés d’occasion que le temps se charge d’user, de réduire à l’état de trame, jusqu’à laisser, au travers, percer le jour. Leurs récits se défont, alors, et leurs héros, élevés par les circonstances au rang d’intercesseurs, redeviennent comme nous tous de simples noms, oubliés sitôt que prononcés. La sainteté véritable, à l’inverse, perdure malgré les hommes, car le regard de Dieu embrasse passé et avenir aussi bien que présent. »
Le roman en tant que tel n’est pas une biographie – loin de là. L’objectif n’est pas de présenter avec exactitude, année après année, la vie de la sainte Hildegarde. Pourtant, il est évident que l’auteur a fait un travail de recherche et de documentation colossal pour proposer un récit proche de la réalité de l’époque. Les conflits, les pèlerinages jusqu’à Jérusalem, les bains de sang sur les champs de bataille, le développement des savoirs, des croyances… et les histoires qui peuplent le XIe et XIIe siècles. Alors, s’il ne s’agit pas d’une biographie, qu’est-ce que c’est ?
Hildegarde n’est pas non plus un roman historique, chargé de faits ; il s’agit plutôt d’une fiction qui baigne dans un merveilleux médiéval qui enchante autant qu’il terrifie. L’imaginaire religieux permet la mise en avant d’une histoire à la fois réaliste, tout en étant le résultat d’une fiction pure.