29 avril 2024
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Le corps du post-porn : pornographie, création, résistance et subversion des identités

Mini-mémoire de troisième année de licence par Yris Apsit

On est loin d’être dans l’objectivité lorsqu’on a affaire aux tripes, à ce qui meut des questionnements les plus profonds dans nos têtes. À l’époque, je me demandais comment dans un pays comme la Colombie, la violence était aussi supportable, aussi explicite, diffusée par des jets de sang et des meurtres, des membres et des organes partout à la télévision et dans les journaux. Comment faisait-on pour supporter l’obscène de la violence et pourtant stigmatiser la sexualité ?

Dans ces journaux qui arborent la ville il en existe un en particulier qui s’appelle « El Caleňo ». Ce journal, bien connu par tous, expose en première couverture toujours une image en gros plan d’un meurtre, souvent de corps dépecés ou ayant subi les pires attaques. Cette image est toujours accompagnée d’un titre en « humour noir ». Les dernières pages du journal sont connues car elles montrent le profil d’une femme nue ou habillée d’un bikini provocateur. Ces dernières images ne sont pas pornographiques, car la pudeur l’interdit, mais elles relèvent de l’érotisme. Ce contraste montre bien l’ambigüité entre cette dite « pudeur », ce qu’on croit comprendre comme obscène et ce qui ne l’est pas. Si bien la société est habituée et trouve normal d’exposer un cadavre, on trouve immoral de montrer une femme nue. Dans le pays la prostitution est interdite. Les travailleuses du sexe qui parcourent les rues le soir sont chassées et violentées par les policiers qui n’hésitent pas à les brutaliser. C’en est de même pour les travestis et les homosexuels.

Ce travail de recherche s’inscrit donc dans la lignée d’un intérêt particulier sur l’image, sur les corps, sur cette notion de ce qui est « obscène » et ce qui ne l’est pas, sur l’identité, sur les normes, sur le féminisme, la sexualité, le genre et le sexe. Sur tout ce qui semble être privé mais qui est en réalité politique Ce sujet, qui semble tout à fait superficiel, renferme des questionnements sur la santé, l’éducation, les politiques, le système dominant, les nouvelles technologies, les sub-cultures, les sex-toys et les pratiques sexuelles, la musique, le cinéma, l’art et encore d’autres dimensions que je ne pourrais ici explorer.

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