« Sister Deborah ». Scholastique Mukasonga, avec ce nouveau roman, repère, dans des récits anciens d’une histoire africaine méconnue, les signes précurseurs des luttes pour la cause féministe.
Ce nouveau roman de Scholastique Mukasonga est probablement un des plus insolites du moment, pas seulement parce que l’auteur franco-rwandaise pioche dans sa vision d’une Afrique qui reste à nos yeux porteuse de tant de mystères.
Nous sommes dans les années 30, à l’est du continent, plus précisément au Rwanda. Les rites ancestraux et les hiérarchies traditionnelles, avec les chefs de villages, les guérisseurs et les rois des tribus, se heurtent aux tentatives de conversion au christianisme, menées par les pères blancs, installés dans le sillage des colonisateurs. Jusqu’à ce que des prêcheurs évangélistes, venus d’Amérique, s’en mêlent, avides eux aussi à recruter des adeptes pour leurs propres sectes. Les femmes jouent là un rôle majeur, pas seulement parce que tout cela concerne des sociétés traditionnellement matriarcales. N’annonce-t-on pas la venue au monde d’un nouveau messie qui serait justement une femme à la peau noire ?