Le livre du Dr. Fouad Laboudi, «La médecine au Maroc du XVIIe au XIXe siècle, esquisses historiques», analyse l’évolution de ce domaine à travers différentes phases, mises dans leur contexte politique et économique qui les a fortement influencées.
Psychiatre à l’hôpital Razi de Salé, docteur en épidémiologie, historien de la médecine et enseignant à la Faculté de médecine de Rabat Dr. Fouad Laboudi vient de publier son ouvrage «La médecine au Maroc du XVIIe au XIXe siècle, esquisses historiques» (éd. L’Harmattan). Tiré de sa thèse de doctorat, ce livre couvre l’évolution des pratiques dans le pays, entre les XVIIe et XIXe siècles. A travers le temps, l’enseignement et les infrastructures ont été influencés par les changements politiques et économiques, mais les croyances sont restées omniprésentes.
Dans votre ouvrage, on retient que le poids des croyances dans le domaine de la santé ne s’est jamais vraiment détaché de la perception populaire des maladies…
Le développement de la médecine au Maroc a connu plusieurs variations, influencées par la situation politique et les conditions économiques. Les croyances, les pratiques de sorcellerie et des moyens de guérison spirituelle ont existé depuis la préhistoire. Chaque fois que le pouvoir central a connu une phase de décadence, il y a eu un retour en force de ces croyances sur le plan sanitaire. Chaque fois aussi qu’il y a eu une épidémie, on a observé ce retour. Dans notre contexte contemporain, nous l’avons vu avec l’apparition de la Covid-19. Certains ont parlé de «destin de Dieu», voire de «châtiment divin».
Les recherches préhistoriques au Maroc ne permettent pas d’avancer des hypothèses sur l’état de santé général des Marocains, mais nous savons par exemple qu’ils ont utilisé des plantes, des remèdes naturels pour les maladies rhumatismales, inflammatoires et qu’ils ont pratiqué des formes de chirurgie. La trépanation a consisté à ouvrir le crâne au niveau d’un point précis pour traiter un hématome ou une épilepsie. Cette pratique a été influencée, à un certain degré, par les croyances religieuses et par la sorcellerie.
Entre les 17e et 19e siècles couverts dans le livre, on distingue trois phases d’évolution. L’apogée avec les sultans Moulay Rachid ben Chérif (1667 – 1672) et Moulay Ismaïl (1672 – 1727) s’est distinguée par un pouvoir central fort, qui a encouragé la recherche, la médecine et les études à l’Université Al Quaraouiyine. Les croyances spirituelles n’étaient pas le premier niveau de traitement et d’analyse des questions de la santé et de la médecine.