4 mai 2024
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Alpinisme, la longue marche des femmes

Tolérées en montagne à condition de se cantonner au niveau amateur, les pionnières ont dû se battre pour rejoindre l’élite.

Au XIXe siècle déjà, l’alpinisme s’ouvrait volontiers aux femmes… À condition qu’elles ne visent pas trop haut. « Contrairement à d’autres grandes unions sportives, dans le vélo par exemple, qui les excluaient, le Club alpin français de l’époque se distingua en intégrant les femmes », explique Cécile Ottogalli-Mazzacavallo, responsable à l’université Lyon 1 du master Egal’Aps, spécialisé dans l’égalité des genres dans le sport. Il y avait là un côté novateur, dans une institution bourgeoise, aristocratique même.

Les femmes furent largement « invisibilisées »

« Cette intégration restait cependant au service des normes de genre de l’époque. On attendait des femmes alpinistes qu’elles soient avant tout de bonnes mères et de bonnes épouses, assez passionnées par la montagne pour y éduquer leurs enfants ou accompagner leur mari… » Les exploits en altitude étaient la chasse gardée des hommes.

Les quelques audacieuses qui s’y invitèrent, telle Isabella Straton, jeune Anglaise fortunée mariée au guide chamoniard Jean Charlet, avec lequel elle réalisa la première ascension hivernale du mont Blanc en 1876, furent largement « invisibilisées » par la suite. Ce contrôle de l’élite par la gent masculine resta longtemps la règle : il faudra attendre 1983 pour qu’une femme, Martine Rolland, devienne guide de haute montagne !

Entre-temps, les premières cordées 100 % féminines sont apparues (après la Première Guerre mondiale). Un phénomène qui s’est développé au cours du XXe siècle et a préfiguré ce qu’on nomme aujourd’hui les groupes en «non-mixité», qui se sont multipliés ces dernières années au sein d’institutions comme la FFCAM (le Club alpin français). «Il y a huit ans, le ministère des Sports a demandé aux fédérations sportives de monter des plans de féminisation, témoigne Luc Thibal, directeur technique national de la FFCAM. La non-mixité nous a paru un passage nécessaire. Aujourd’hui, nous comptons environ 35 groupes féminins, soit 400 licenciées, plus quelques clubs totalement féminins tel celui de Marion Poitevin.»

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