22 novembre 2024
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Au sommet en robe longue, à la mode des pionnières de l’alpinisme

Historienne, Marie-France Hendrikx voulait écrire sur les pionnières de l’alpinisme. Faute de sources, elle a opté pour une approche peu académique: gravir le Cervin en robe longue à jupons pour « aller à la rencontre » de son personnage, l’Anglaise Lucy Walker.

Rien ne prédisposait cette quadragénaire belge, enseignante-chercheuse dans le Valais (Suisse), à se lancer dans l’aventure d’une reconstitution in situ de la première ascension par une femme de l’emblématique sommet italo-suisse (4.478 mètres), en 1871.

L' »exploit » de Lucy Walker a été réalisé six ans seulement après la conquête du pic par son compatriote Edward Whymper, vers la fin de l' »âge d’or » de l’alpinisme.

Mais cette ascension n’a laissé pratiquement aucune trace, ni dans les archives, ni dans les musées, notamment en Suisse, découvre l’historienne en 2019 lorsqu’elle décide de se pencher sur le sujet à l’approche de son 150e anniversaire.

« Dans l’historiographie, personne ne s’est jamais intéressé aux femmes. L’histoire a été faite par des hommes pour des hommes, c’est une histoire en creux. Donc comment fait-on quand on n’a pas de sources ? », souligne Marie-France Hendrikx, se disant « sidérée par l’absence de publications sur les femmes alpinistes ».

Avec plus de 90 sommets à son actif dont de nombreux 4.000 m et des premières absolues dans les Alpes, Lucy Walker, issue d’une famille aisée férue de montagne – son frère Horace Walker réalisera lui aussi plusieurs premières – mériterait pourtant d’être considérée comme « la première alpiniste professionnelle » selon les critères d’aujourd’hui, estime-t-elle.

Cette pionnière est âgée de 35 ans lorsqu’elle se lance à l’assaut du Matterhorn (nom allemand du Cervin) et porte probablement « un genre de robe de bal détournée », sans crinoline. « Comme elle venait d’un milieu très bien pensant, elle refusait absolument d’enlever ses jupes, c’était sans concession. Elle le faisait mais elle voulait le faire telle qu’elle était ».

On n’en sait guère plus sur ses motivations. Les recherches ont été d’autant plus ardues qu’il était considéré inconvenant pour une Lady de la société victorienne de la fin XIXe d’écrire ses mémoires. « On n’a rien, on a une lettre de sa main, c’est tout en source première », déplore la chercheuse.

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