Réalisés par Jeanne Burel, les cinq épisodes de cette mini-série s’inscrivent dans un processus de réhabilitation de Britney Spears, si décriée et méprisée tout au long de sa carrière, montrant la pertinence de son parcours pour éclairer l’époque.
Le sujet Britney Spears prend de l’ampleur en France, avec un peu de retard comme souvent quand il s’agit de pop culture, mais aussi une forme de pertinence et de sincérité. Quelques mois après la sortie de Pour Britney (P.O.L), le roman de Louise Chennevière, la réalisatrice Jeanne Burel s’attaque à la popstar révélée en 1998 avec son premier tube Baby One More Time, dans une série documentaire en cinq épisodes brefs (une douzaine de minutes) qui retracent une carrière trentenaire, où le chaos d’une époque s’incarne à travers le corps sacrificiel de l’idole féminine, à la fois honnie pour sa liberté et sexualisée à l’extrême – la plupart du temps par les mêmes personnes.
Archives et interventions de spécialistes (journalistes, psy, universitaires) à l’appui, Britney sans filtre est un plaidoyer en faveur de la performeuse, qui ne s’appuie pourtant pas vraiment sur ses chansons – mis à part certaines paroles, liées à son rapport au regard public – ni sur son travail de chanteuse. On peut regretter cet effacement partiel, même si le choix est aussi défendable puisqu’il s’agit d’abord de scruter, d’un point de vue féministe, la trajectoire de Britney Spears en tant qu’image produite par l’époque, de détricoter le jeu de dépossession et de réappropriation auquel a dû se prêter la performeuse.