28 avril 2024
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Construire, explorer et partager sa sexualité en ligne

Construire, explorer et partager sa sexualité en ligne. Usages d’Internet dans la socialisation à la sexualité à l’adolescence par Yaëlle Amsellem-Mainguy, Arthur Vuattoux

C’est un lieu commun, mais aussi un constat chiffré, de dire qu’aujourd’hui les jeunes sont pour la plupart très « connectés », possédant un accès personnel et illimité à Internet (via un smartphone, un ordinateur ou une tablette). Plus de 90 % d’entre eux ont désormais une connexion internet et/ou un smartphone à leur domicile1. Internet, au-delà de ses aspects ludiques ou culturels, est avant tout pour les jeunes un lieu de sociabilité, via les réseaux sociaux, qui ont depuis les années 2000 pris une place majeure dans leur vie.

Maintenant que la quasi-totalité de la population française a accès à internet quotidiennement, il s’agit de comprendre « ce qu’[Internet] est devenu, dans notre quotidien, dans nos pratiques courantes, dans notre univers familier, dans nos vies ordinaires » (Martin, Dagiral, 2016, p. 12). Dans une revue de littérature récente, Claire Balleys rappelle l’importance de l’étude des usages du numérique pour saisir certains aspects de la construction identitaire adolescente (Balleys, 2017). Internet, dont l’usage est partagé par la quasi-totalité des adolescents aujourd’hui, est en effet une bonne porte d’entrée pour comprendre la socialisation adolescente (notamment la socialisation entre pairs), qui passe aujourd’hui en partie par les réseaux sociaux, par la référence aux médias sociaux dans les discussions entre pairs ou dans la construction d’une culture commune. C’est aussi une manière de saisir les processus d’autonomie par rapport aux familles ou aux institutions.

Des recherches, de plus en plus nombreuses, montrent combien Internet devient un support de socialisation commun à toute une génération (Martin, Dagiral, 2016), tout en étant évolutif, sensible aux évolutions technologiques et au marché, qui organise massivement l’adhésion des jeunes à tel ou tel média social (Dijck, 2013). Des travaux récents rappellent cependant que derrière l’apparente «démocratisation» de l’accès à l’information et à la communication par le biais d’Internet, les usages des jeunes n’en restent pas moins déterminés par les positions sociales des individus, par leur niveau d’éducation (Pasquier, 2018).

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