Il y a 60 ans, la loi réformant les régimes matrimoniaux donnait aux femmes le droit de travailler et d’ouvrir un compte en banque sans l’autorisation de leur mari.
«Je ne vois pas ce que les femmes pourraient encore réclamer, sinon d‘être gendarmes ou chefs d‘armée», s’exclame auprès du Figaro la journaliste Ménie Grégoire. Si elle juge encore incongrue une femme gendarme, l’animatrice de radio, qui recueille la parole des femmes dans son émission «Allo Ménie», salue avec vigueur au printemps 1965 le vote par le Sénat du projet de loi réformant les régimes matrimoniaux. Adopté à l’unanimité par les députés le 27 juin, le texte sera publié le 13 juillet 1965 et entrera en vigueur en janvier de l’année suivante.
«Une victoire du féminisme» pour les uns
La nouvelle loi promulguée quelques mois avant l’élection du général de Gaulle au suffrage universel est en effet un pas de géant dans le chemin de l’émancipation des femmes. Elle desserre un peu plus le carcan du Code civil de 1804 qui faisait de l’épouse une mineure vis-à-vis de son conjoint. Car, si la loi du 18 février 1938 avait levé l’incapacité juridique de la femme mariée, cette dernière devait toujours demander l’autorisation de son mari pour ouvrir un compte bancaire à son nom et pour travailler. Et ce n’est pas tout. «Dans le régime légal actuel, le mari dispose de tout ce qui appartenait à sa femme avant son mariage: ses meubles, son trousseau, ses économies!… Nous sommes, en ce domaine, les femmes les plus arriérées d‘Europe», précise à l’époque au Figaro Simone Majorelle, secrétaire générale du Conseil national des Femmes françaises. L’archaïsme de la situation est d’autant plus criant que les femmes célibataires, veuves ou divorcées sont libres d’administrer leurs biens à leur guise.






