Elles vivaient dans une société fondée sur la suprématie masculine. Pourtant, les femmes participaient pleinement à la vie de la cité romaine. Certaines étaient même des figures aussi influentes que respectées.
Asellina tenait un thermopolium (restaurant de rue) très fréquenté, Vergula inscrivait des mots d’amour sur les murs, Julia Felix louait des appartements…
«Alors que les femmes sont presque absentes des sources littéraires, à Pompéi, nous accédons à des sources produites par ou pour des femmes de milieux sociaux variés, explique l’historien Philippe Akar (auteur de Concordia, un idéal de la classe dirigeante romaine à la fin de la République, 218-43 av. J.-C., éd. Publications de la Sorbonne, 2013). Ces objets, images, inscriptions apportent un éclairage nouveau sur leur condition.»
Les vestiges de la cité ensevelie évoquent des femmes – à l’exception des esclaves bien sûr – dont la liberté contraste avec un carcan juridique théoriquement très strict, puisque, étant Romaines avant d’être Pompéiennes, femmes du peuple et bourgeoises restaient à jamais mineures aux yeux de la loi. Soumises à l’autorité du pater familias, elles étaient exclues des charges de l’État. Et il est probable que le statut de chaque Pompéienne, à l’image de celui des autres Romaines, était clairement signalé par ses vêtements. Par exemple, «les tenues des matrones, les femmes libres mariées en justes noces, tout comme celles des esclaves, indiquaient qu’elles étaient intouchables : leur porter atteinte revenait à attenter à la propriété d’un homme libre», poursuit Philippe Akar.
Loin de rester cloîtrées, les femmes sortaient quotidiennement dans la rue, seules ou avec leurs enfants. Elles vendaient ou achetaient les produits de la vie quotidienne, s’arrêtaient pour bavarder… De plus, elles participaient aux réjouissances qui scandaient la vie de Pompéi. Des fresques les montrent ivres lors de banquets : la loi qui leur interdisait ce plaisir sous peine de mort était visiblement tombée en désuétude au moment de l’éruption du Vésuve…