Présentées comme des femmes persécutées en raison de leur genre, elles irriguent le débat public depuis des années.
Halloween oblige, les sorcières réapparaissent, aux côtés d’autres figures d’épouvante convoquées pour l’occasion. Pourtant, contrairement aux citrouilles, zombies et autres poltergeists, elles n’ont jamais tout à fait quitté l’actualité –et surtout, elles se rapportent à une réalité historique.
Des personnalités contemporaines, comme la députée de Paris Sandrine Rousseau (Europe Écologie-Les Verts), ont par exemple signé des tribunes associant cette figure à leurs revendications. Présentées comme des femmes persécutées en raison de leur genre, dans la lignée des travaux de la philosophe Silvia Federici et de l’ouvrage de Mona Chollet, les sorcières irriguent le débat public.
En effet, la répression de la sorcellerie peut être vue comme une métaphore de la condition féminine à travers l’histoire, manifestation violente de l’hégémonie patriarcale. Mais pour les historiennes et les historiens spécialistes, le constat est plus contrasté –ne sont toutefois minimisés ni les effets des discours et des imaginaires misogynes ni la réalité des dizaines de milliers de femmes persécutées et tuées pour crime de sorcellerie.
Une lutte contre toutes les hérésies
Finalement, de quoi parle-t-on lorsque nous évoquons les «sorcières»? De trois objets, complémentaires mais distincts. La persécution réelle d’individus accusés de sorcellerie d’abord. D’une figure symbolique ensuite, s’appuyant sur cette dernière, construction culturelle sur laquelle se sont bâtis et appuyés des discours puissants et encore actifs aujourd’hui. D’une nouvelle réalité, enfin: celle d’individus s’identifiant comme «sorcières» et dont les pratiques comme les croyances se revendiquent des accusées du passé, notamment les adeptes des mouvements néo-païens.