Madeleine Brès a 33 ans lorsqu’elle prête le serment d’Hippocrate en 1875. Première Française à devenir médecin, la jeune femme a su, à force de ténacité, s’affranchir de tous les obstacles. Elle fait aujourd’hui figure de pionnière.
L’histoire de la médecine ne peut s’écrire sans les femmes. Très tôt, vraisemblablement dès le Paléolithique sous Néandertal, les femmes étaient déjà responsables des soins donnés dans le clan en raison de leur très bonne connaissance des plantes. Pourtant, au fil des siècles, elles ont perdu certaines de leurs prérogatives et leur pratique a été invisibilisée.
Les femmes exclues de la pratique officielle de la médecine
“Dès le Moyen Âge les femmes ont été exclues de tout enseignement de la médecine, notamment parce qu’on ne leur apprenait pas le latin. Il existe toutefois une exception notable à Salerne en Italie, où une école de médecine laïque et accessible aux filles est créée à la fin du IXe siècle. Trotula de Ruggero, l’une des plus grandes gynécologues de son temps, en est issue”, explique le Pr Jean-Noël Fabiani-Salmon.
Lorsque les universités françaises ouvrent au XIIIe siècle, les femmes en sont naturellement écartées. Mais elles trouvent une parade. “En 1215, l’Église interdit aux clercs toute activité́ effectuée par le fer (bistouri) et par le feu (le cautère). Les barbiers-chirurgiens assurent alors les fonctions médicales et des femmes deviennent barbières afin de pouvoir se lancer dans la pratique de la médecine”, indique le spécialiste. C’est ainsi que Maîtresse Hersende exerce auprès du roi Saint-Louis et de la reine Marguerite les fonctions de médecin et de chirurgien, l’accompagnant même lors de la septième croisade en 1249.
“Si les femmes ont très rapidement pris, dans les villes et les campagnes, la responsabilité d’une partie des soins, les “grands” docteurs étaient ceux qui sortaient de l’université”, nuance le Pr Fabiani-Salmon. En 1322, Jacqueline Félicie de Almania, qui exerce avec talent le métier de médecin et de chirurgien à Paris, est accusée par la faculté de médecine d’actes de “charlatanerie manifeste”. Elle perd son procès et les femmes sont désormais interdites de pratiquer la médecine et d’obtenir une licence. Il faudra plusieurs siècles avant que la situation évolue enfin.
